Après 33 ans à œuvrer pour Schneider Electric, il était temps pour moi ainsi que pour mon épouse de monter le projet de nos futures années d’activité tout en opérant un changement de vie en ligne avec nos racines terriennes et avec notre volonté d’engagement pour la cause environnementale.

Voilà pourquoi, avec Helena, nous sommes devenus agriculteurs en reprenant la vieille ferme familiale à deux pas d’Angers. La destination de cette aventure tient dans le nom de la société que nous avons créée, « Serennes Pérenne » : « Serennes » étant le nom de cette propriété agricole de 70 hectares et « Pérenne » l’ensemble des initiatives que nous développons afin de pérenniser et de rendre écologiquement et économiquement durable ce morceau de bocage angevin.

Les principales initiatives que nous mettons en place sont : l’agriculture de conservation des sols en grandes cultures Biologiques qui consiste à utiliser des techniques culturales les moins invasives possible afin de favoriser la vie biologique du sol, en s’interdisant l’utilisation d’intrants chimiques et en maximisant la couverture végétale des parcelles – la mise en place de cultures pérennes avec l’implantation de 10 hectares de miscanthus aussi appelé « herbe à éléphants » (durée de vie de 20 ans) – la restauration de prairies naturelles pour en accroitre la productivité et enfin la régénération et la gestion des 12 km de haies bocagères bordant nos parcelles.

A travers ces 4 axes de développement, nous voulons, à notre échelle et sur notre territoire, participer à la lutte contre le réchauffement climatique en maximisant la séquestration du carbone par les plantes et par son stockage dans l’humus des sols de nos parcelles cultivées et prairies ou encore dans les rhizomes de Miscanthus et le bois des arbres des haies que nous régénérons et replantons. Si le CO2 est devenu l’ennemi n°1 de nos climats, c’est aussi LE Moteur de la fertilité des sols une fois capté par la photosynthèse des plantes et transformé petit à petit en humus par l’activité biologique du sol.

Afin de rendre notre projet durable et cohérent « moins de carbone dans l’atmosphère et plus dans le sol », il doit aussi s’insérer dans le tissu économique local et éviter autant que possible les intermédiaires de commercialisation et circuits longs gourmands en logistique et transport. La priorité donnée aux circuits courts n’est pas qu’un choix militant, c’est aussi un choix économique. Qui dit bio dit faibles rendements des cultures, c’est un fait surtout en débutant ; de plus les potentiels agronomiques nos terres sont limités ; c’est pour cela que nous nous positionnons plutôt sur des marchés de niche rémunérateurs comme le miscanthus ou sur la vente et les échanges entre agriculteurs qui permettent d’écraser les structures de coûts des cultures. L’ensemble de nos productions est donc destiné à servir des besoins de proximités provenant d’autres agriculteurs ou éleveurs bio (céréales,  fourrages et protéines végétales pour l’alimentation animale), de haras et de centres hippiques (litière de miscanthus), de chaufferies et poêles à bois des villages environnants (bois issus de la gestion des haies bocagères) et demain d’artisans boulangers (farines de blés anciens et de sarrasin) ainsi que de petits producteurs locaux d’huile bio (colza et tournesol) lorsque nous serons certifiés bio après 2 années de conversion.

Aujourd’hui, 18 mois après la création de Serennes Pérenne, le déploiement de notre projet bat son plein ; une première récolte difficile faite l’été dernier, les terres arables sont toutes en deuxième année de conversion bio, toutes les parcelles ont été analysées et leurs carences essentielles sont en cours de redressement (apports massifs en matières organiques et calcaire), les 10 hectares de miscanthus ont été plantés avec succès ainsi que les 140 premiers arbres, le plan de gestion des haies se met en place avec la chambre d’agriculture, un partenariat avec des voisins éleveurs ovins bio se noue pour la valorisation des prairies, fourrages et couverts végétaux d’interculture, l’accès à une coopérative de matériel agricole est opérationnelle, la première tranche de travaux des bâtiments de la ferme est réalisée, des dizaines d’heures de formation aussi… . Si ces actions et d’autres encore faisaient bien partie du Power Point de notre dossier SIE, la vraie vie et surtout Dame Nature nous ont obligé bien souvent à adapter nos plans.

Bref, des projets à la pelle, du très concret entre les mains et le bonheur de la découverte au quotidien.

En conclusion, tout ceci ne serait rester qu’un doux rêve s’il n’y avait pas eu d’abord cette volonté forte de changement partagée en couple, sans le soutien de mon management en amont du projet et sans toute l’aide de SIE pour sa structuration et l’analyse de toutes ses facettes afin d’en assurer la pertinence et la viabilité. Il est très clair que le processus et les différentes étapes de création du dossier SIE sont autant de clés de réussite qui permettent d’éviter en amont bien des pièges…et rendront les imprévus moins nombreux une fois le projet lancé. Ce projet de « Serennes Pérenne » n’aurait simplement pas vu le jour sans la structure, les méthodologies et l’engagement des équipes de SIE.